Le BIOGAZ, une alternative possible
CELA DEMANDE QUELQUES EXPLICATIONS, COMMENÇONS DEPUIS LE DÉBUT
Il y a environ trois ans je me penchais sur le domaine de la permaculture, ou du moins sur la philosophie de la permaculture. Car la permaculture est une manière de cultiver des fruits et légumes, mais c’est aussi et surtout, la recherche d’équité, d’empathie, de coopération, de résilience et d’autonomie. Cette première approche, m’a peu à peu conduite à prendre conscience d’aspects sociaux dont j’avais connaissance, mais que je ne regardais pas en face. J’ai eu plusieurs déclics forts qui m’ont conduite à quitter la formation que je suivais, pour me plonger sans limites dans la compréhension de la Nature puis, dans la collapsologie.
Quand on s’ouvre avec lucidité à la possibilité d’un effondrement à venir, cela à court terme, quand on avait des projets, qu’on se voyait dans le futur avec clarté, on doit réadapter cette vision que l’on avait de notre vie. Cela implique de repartir de zéro et de trier tous les aspects que l’on s’imaginait de cette vie. C’est un travail mental et psychologique extrêmement violent, mais aussi très révélateur et enrichissant.
Avec toutes les crises que nous traversons dans le monde, tout est possible. Les métiers les plus résilients seront ceux qui perdureront. Actuellement mon atelier est implanté en ville. Ce qui me laisse peu de possibilité dans les expérimentations que je souhaite réaliser. C’est à la fois un manque de liberté, mais aussi un manque de contact avec la nature. Je suis donc à la recherche d’un terrain sur lequel je pourrai travailler, faire pousser des légumes, et venons-en au fait, fabriquer du biogaz.
BESOIN DE GAZ EN BIJOUTERIE JOAILLERIE ?
J’utilise un chalumeau de bijoutier pour recuire le métal. Cela me permet dans certains cas, de le rendre malléable afin de le façonner, ou encore, de procéder à une brasure (soudure avec apport de matière). Pour produire une flamme, il me faut du gaz. Le gaz que j’utilise actuellement est un gaz butane. Le gaz butane est produit à grande échelle. S’il vient à manquer, il est possible de produire son propre gaz avec des déchets alimentaires végétaux et de la bouse de vache. Le système utilisé est appelé un biodigesteur. À partir d’un tel système, on peut aussi produire un fertilisant pour le potager. Le biogaz peut être utilisé comme combustible pour les moteurs, sur une gazinière ou encore sur une chaudière. Il semble alors possible d’en faire usage pour travailler le métal en bijouterie joaillerie.
FAISONS LA PART DES CHOSES
La première chose qui m’inquiétait c’est de produire de l’énergie, puisque cela a toujours un impact sur la Nature. De plus, le biogaz est constitué principalement de méthane, qui est un gaz à effet de serre. Alors évidemment, c’est problématique ! La fermentation méthanogène (« fabrication » de méthane par fermentation) existe naturellement. Elle peut provenir de la décomposition des corps d’animaux dans les étangs et mangroves dépourvues d’oxygène. Elle est également présente dans notre système digestif ou plus particulièrement dans ceux des vaches et autres animaux. On peut aussi fabriquer accidentellement du méthane dans les cimetières. D’ailleurs, il arrive que le méthane s’enflamme dans ces endroits. On appelle les flammes générées lors de ces réactions chimiques spontanées, des feux follets.
Au début, toutes ces constatations m’ont poussée à voir mon métier différemment. J’avais en tête de me séparer complètement de la bijouterie, c’est-à-dire du travail du métal, pour le remplacer par le travail de matières moins contraignantes et par des techniques moins gourmandes en énergie (le bambou, le tissu de seconde main). Mais cela ne donnait pas de résultats satisfaisants en termes de qualité des pièces que je fabriquais.
Puis, j’ai réalisé que la réparation de bijoux, joyaux et autres petits objets en métal avait encore de l’avenir, et qu’il serait intéressant de pouvoir conserver ce métier avec des moyens améliorés, adaptées aux évolutions de la planète. Si je choisis de fabriquer du gaz, je me dois de l’utiliser entièrement et pour de bonnes raisons. En cas d’effondrement, quels sont les essentiels dont nous ne pourrons pas nous passer pour survivre ? Si on résume, les différentes utilisations du biodigesteur et du biogaz sont les suivantes : se déplacer, se chauffer, se nourrir, nourrir les plantes et peut-être, travailler le métal. En bref, la solution résiliente à tous mes essentiels…
La question était alors : le biogaz est-il mieux que le gaz butane que j’utilise actuellement ?
Le butane est obtenu en liquéfiant du gaz de pétrole. Des machines géantes sont en fonction pour prélever le pétrole en détruisant toute la nature qui se trouvait là, en polluant parfois les sources d’eau et la terre des villages alentours. Il est ensuite transporté depuis l’autre bout de la planète sur terre mais aussi sur l’eau, pouvant finir dans les océans et polluant l’eau pendant des dizaines voire des centaines d’années. Le pétrole est ensuite transformé dans de grosses industries. Puis il doit être mis en bouteilles et transporté à nouveau.
Ce qui est certain, c’est que je n’ai plus aucune envie d’acheter du butane…
J’ai pris du recul, je me suis un peu éloignée de cette idée de biogaz, puis je suis revenue dessus, pour vous la faire partager et pour la faire vivre dès que j’aurai trouvé ce fameux « terrain de vie ».
La suite dans un prochain article.
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